200 ENFANTS SONT NES MALFORMES APRES LA MISE EN MARCHE D'INCINERATEURS DE DECHETS

Paris, le 3 juillet 2003. En janvier dernier, le CNIID avait attiré l'attention sur une étude épidémiologique dont il n'avait été possible, à l'époque, d'obtenir que les conclusions. Maître Faro, avocat du CNIID, a obtenu l'étude dans son entier (1). Les nouvelles informations qui sortent aujourd'hui constituent l'un des pires scandales dont ait jamais eu à répondre un ministre de l'Environnement... et ses prédécesseurs.

En effet, les auteurs ont comparé le nombre de naissances d'enfants malformés avant et après la mise en place d'incinérateurs : il en ressort que sur une période de 10 ans, dans la seule région de Rhône-Alpes, 220 enfants de plus sont nés malformés après le démarrage d'incinérateurs de déchets. Ainsi, selon les auteurs, " pour l'ensemble des malformations congénitales et les grandes catégories des mineures et non géniques, une différence d'incidence nettement significative est observée avec un risque plus élevé pour les populations exposées après le démarrage de l'incinérateur qu'avant. " La liste des communes touchées est disponible auprès du CNIID.

Cette corrélation dans le temps se double d'une corrélation géographique. En effet, toujours selon les auteurs, " l'objectif général [...] consiste donc à évaluer le risque de malformations congénitales des populations vivant au voisinage d'usines d'incinération d'ordures ménagères. [... ] Globalement, des risques significatifs pour les populations exposées sont observés pour deux types de malformations : les anomalies chromosomiques et les autres malformations majeures ". Avec cette approche spatiale, ce sont plus de 300 enfants qui ont été touchés. Une étude sortie récemment en Angleterre trouve des résultats semblables (2).

Même en prenant les chiffres du ministère de l'Ecologie, notoirement sous-estimés, on se rend compte que le problème de l'incinération ne se limite pas, bien au contraire, aux ridicules "petits incinérateurs sales". Parmi les incinérateurs les plus sales de France en matière de dioxines, on trouve les plus gros et les plus beaux : St-Ouen (à l'entrée de Paris) qui rejette 4,99 g par an, Strasbourg qui rejette 8,75 g par an, et Lyon qui rejette 4,49 g par an, pour ne prendre que ces exemples. Le CNIID mène une campagne en faveur de la réduction des déchets à la source, seule alternative responsable à l'incinération des déchets.

Selon Pierre-Emmanuel Neurohr, Directeur du CNIID, " Face à cette accumulation de preuves scientifiques, Roselyne Bachelot a le choix. Elle peut continuer dans le registre des fabricants de tabac américains à une certaine époque : "ahhhh, mais la preuve exacte de causalité n'est pas établie !". Avec les résultats que l'on connaît, résultats qui remplissent des cimetières. Ou elle peut mettre en place un moratoire sur la construction d'incinérateurs de déchets, ne serait-ce que pour se protéger des procès que ne manqueront pas de lui intenter les victimes et les associations écologistes. Ceci dans moins de temps qu'elle ne pourrait le croire. " Le CNIID sert de Secrétariat à un réseau de plus de 200 associations de terrain dont le but est d'éviter d'être confondus avec des cobayes de laboratoire que l'on intoxique à loisir pour ensuite mesurer avec toujours plus de raffinement les effets des incinérateurs sur leur santé et celle de leurs enfants.

Pour plus d'information, contacter Pierre-Emmanuel Neurohr, au 01 55 78 28 60.

(1) Risques de malformations congénitales autour des incinérateurs d'ordures ménagères, Inserm, Institut européen des génomutations, Afssaps, 2002.

(2) Adverse pregnancy outcomes around incinerators and crematoriums (Grossesses aboutissant à des enfants malformés autour d'incinérateurs et de crématoires), T. Dummer, H. Dickinson, L. Parker, Journal of Epidemiology and Community Health, 2003.