PRESENTATION DU HOUX VERT
Pas
de pétrole, mais des idées. Nous présentons des extraits d’un article paru
dans Ouest-France qui nous paraît assez démonstratif de ce qu’il est possible
de faire quand la volonté politique est là (et sans contradiction avec
le point de vue économique). Un bon point pour les Bretons qui ont su s’intéresser
à une solution alternative.
Au Danemark, les
habitants se chauffent au biogaz de lisier
L’agriculture, source d’énergie verte
Herning,
60 000 habitants, est située au cœur du Jutland, la plus grande île du Danemark.
Quarante Bretons, élus, agriculteurs, fonctionnaires, artisans, représentants
de coopératives et d’entreprises sont allés voir comment cette ville se chauffait
avec le lisier de 60 élevages et les ordures ménagères.
"Nous produisons le quart de nos besoins énergétiques à partir de la biomasse et des ordures ménagères." Ingénieur de son état, Poul Lyhne est responsable des deux unités de production de biogaz qui alimentent la ville de Herning au Danemark. Cette cité a fait le choix des énergies renouvelables. L'unité principale, celle de Studsgard transforme en méthane 130 000 tonnes de biomasse. Elle a coûté 6,2 millions d'euros et bénéficié d'une subvention de 1,5 million d'euros (9,84 millions de francs). Elle produit 1200m3 de gaz à l'heure, 70m3 de gaz par mètre cube de biomasse traitée. "Nous produisons du gaz, précise Poul Lyhne, qui fournit électricité et chaleur à une grande partie de la ville. C'est une économie de 3 millions de litres de fuel (par an ?)."
Une recette énergétique Toute cette énergie est
fournie par la " digestion " de divers déchets: 113 000 tonnes de lisiers
de porcs et de bovins et de fumiers livrés par soixante agriculteurs dans
un rayon de 10 kilomètres; 9000 tonnes de déchets industriels dont certains,
comme des huiles de fritures ou autres graisses, sont importés de France;
7000 tonnes d'ordures ménagères fermentescibles. " La composition du mélange
est importante, souligne Poul Lyhne. Les graisses servent à bien lancer le
processus. L'intérêt est d'avoir tout cet ensemble de déchets qui proviennent
des ménages, des industries et de l'agriculture." Toute cette biomasse demeure
dans deux grands digesteurs, sortes d'immenses cuves, durant 14 jours à 53,5
degrés. Puis elle passe pendant 4 heures à 62 degrés dans un autre digesteur
d'hygiénisation. Il sort de toute cette alchimie, deux types de produits :
le biogaz et un digestat liquide (130000 tonnes par an) qui renferme toutes
sortes d'éléments fertilisants. "Environ 4 à 5kg d'azote, 1kg de phosphore
et 2,5 à 3kg de potasse par tonne de digestat, précise Poul Lyhne. Ce digestat
est propre, hygiénisé et sans odeur, facilement épandable et utilisable en
fonction des besoins de la plante. "
(Note du Houx Vert : Il faudrait être sûr
que ce digestat ne renferme pas de métaux lourds. C'est le point faible de
procédés voisins)
Associer citadins, agriculteurs et industriels
La société a ses propres camions qui vont chercher les lisiers dans les fermes
et rapportent le digestat Le service est gratuit Cet engrais liquide est stocké
en partie sur le site de Studsgard ou dans des fosses appartenant aux agriculteurs.
Au-delà des aspects techniques, le grand intérêt de cette technologie est
social et politique. Car elle permettrait enfin de réconcilier producteurs
de porcs et de lait et d'associer à l'échelle d'un pays sur un projet commun,
agriculteurs, industriels et population locale, afin de traiter l'ensemble
des déchets générés par les uns et les autres.
Jean
LE DOUAR