INCINERATION ET DIOXINES
par Le Houx Vert


L'incinération des déchets soulève de graves inquiétudes. Toute une chimie complexe et non maîtrisée y est en oeuvre. On introduit dans les fours toutes sortes de produits connus et inconnus: les déchets de légumes ou de fruits, bien sûr, mais aussi des appareils ménagers hors d'usage, des récipients en plastique (toutes sortes de plastiques), des médicaments, des produits chimiques...
Il est impossible de savoir ce qui va résulter de l'action de l'incinération sur un tel mélange, de savoir quelles molécules vont se dégager et quelquefois se recomposer entre elles pour aboutir à un produit plus nocif (cas de la dioxine). On obtient finalement, après incinération, des produits (gaz, fumées, cendres, "mâchefers") plus dangereux qu'ils ne l'étaient avant, et dont ne sait trop que faire.
Le seul "argument" en faveur de l'incinération, c'est la diminution du volume: les cendres et mâchefers ne représentent que 30% du volume initial des déchets. Mais on voit que cela ne résoud pas la question du stockage et ce n'est pas cela qui peut faire de l'incinération une solution acceptable du point de vue de la santé publique.

POUR UN MORATOIRE

C'est pourquoi avec d'autres associations (Greenpeace, le CNIID, par exemple) nous demandons un moratoire, nous demandons qu'on ne construise pas les dizaines d'incinérateurs en projet (2 de plus rien que dans le Calvados) avant d'avoir, au plus haut niveau, pesé les risques et mis en place les filières de recyclage qui, elles aussi, peuvent réduire considérablement le volume des déchets sans entraîner les graves conséquences que provoque l'incinération.

UNE NOUVELLE ORIENTATION
VERS LA FIN DU TOUT-INCINERATION?

Une circulaire du ministère de l'environnement (en 2001) semblait annoncer une nouvelle politique. Mme Voynet changeait les priorités et demandait aux préfets d'engager une réorientation qui devrait se traduire par davantage de recyclage et une limitation du recours à l'incinération.
D'après la ministre, le recyclage devrait toucher 50% des déchets ménagers. Autant de moins à incinérer. De plus, seraient admis en décharge non seulement les résidus de l'incinération (ce qui était prévu), mais encore les déchets ménagers dont on a retiré par recyclage, compostage et méthanisation toutes les matières valorisables.
Précisons que les décharges concernées (une seule par département) seront soumises à de sévères normes de sécurité écologique.

UN ESPOIR SÉRIEUX ?

Pour la première fois, la voix des associations écologistes (notamment Greenpeace) était entendue. Après des années de bataille, on reconnaissait officiellement que leurs craintes étaient fondées. Selon le rapport publié le 3 avril 1998 par le ministère de l'environnement, sur 71 incinérateurs de grande taille (les seuls contrôlés), 6 seulement respectaient la norme pour les émissions de dioxine. Il était grand temps de changer de cap. Reste à savoir si les moyens financiers importants nécessaires à la réussite de ce plan seront vraiment mis en oeuvre.

Malheureusement, les feux de l'actualité se sont éloignés des incinérateurs. On n'en parle guère aujourd'hui. Il ne semblent pas être un souci pour la ministre actuelle. C'est le travail des citoyens que de faire pression, chacun à son niveau, sur les responsables afin de préserver pour nous et nos enfants un monde où il fait bon vivre.