LA QUALITE DE L'EAU SE DEGRADE

LE HOUX VERT : Voilà des années qu'on endort le citoyen avec de belles promesses: grâce aux subventions publiques (des milliards!) les agriculteurs devaient cesser de polluer et adop-ter des conduites responsables. Ceux qui se faisaient encore des illusions pourront constater grâce au rapport du Pr Lefeuvre qu'il n'en est rien. Des milliards ont certes été distribués, mais l'agriculture intensive est toujours le royaume de l'anarchie et de l'irresponsabilité.

Article de Benoît Hopquin (Le Monde) :

LA QUALITÉ de l'eau ne cesse de se dégrader en France, notamment en raison des excès de l'agriculture intensive. C'est la conclusion d'une étude, réalisée par le professeur Jean-Claude Lefeuvre, du Muséum d'histoire naturelle, pour le compte d'une organisation non gouvernementale internationale, le World Wildlife Fund France.

Menée dans 11 départements " représentatifs " du territoire, cette étude constate que les taux de nitrates et de pesticides sont en augmentation par rapport à ceux relevés en 1981 par le même chercheur. Les prélèvements effectués dans 30 communes de ces départements affichent en moyenne des teneurs en nitrates proches de 50 milligrammes par litre, soit le niveau maximum admis par les règlements européens (le seuil de qualité est fixé à 25 mg/l). Les pesticides sont également très présents, notamment l'atrazine utilisée dans la culture du maïs. Des niveaux 20 à100 fois supérieurs aux règlements communautaires ont été relevés, notamment dans le bassin Seine-Normandie.

Jusqu'à présent, cette détérioration des eaux brutes (rivières, nappes, lacs) ne s'est pas répercutée: des procédés de traitement de plus en plus coûteux ont permis d'éviter la contamination des ménages en maintenant l'eau potable aux normes. Mais les auteurs du rapport s'interrogent sur la capacité de la technique à compenser éternellement l'aggravation de la pollution. " Arrêtons, enfin, de privilégier, comme nous le faisons depuis 50 ans, les solutions curatives pour passer à une véritable politique de prévention, stoppant les abus et valorisant le rôle des milieux naturels ", affirme le Pr Lefeuvre.

L'élevage hors sol et l'utilisation massive d'engrais sont dénoncés: en Bretagne, les déjections des 8 millions de porcs correspondent à celles d'une ville de 28 millions d'habitants. Cette étude confirme l'échec du Programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole mis en place en France en 1993 afin que les exploitations s'équipent de procédés de dépollution. Un rapport établi en 1999 et tenu longtemps secret dénonçait l'engloutissement de milliards de francs d'argent public en subventions agricoles, sans amélioration notable.

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