CONTAMINATION GENERALE DES EAUX PAR LES PESTICIDES
Selon l'Institut français de l'environnement,
seules 3 % des rivières sont exemptes de toute pollution


LES PESTICIDES sont présents dans tous les cours d'eau, la moitié des nappes phréatiques et pratiquement toutes les zones estuariennes et côtières. C'est le bilan sévère que dresse une étude de l'institut français de l'environnement (IFEN). "L'excès de pesticides est une réalité d'autant plus préoccupante que les pointes de pollution sont sous-évaluées et les risques qu'ils font courir à la santé et l'environnement encore insuffisamment connus", note Philippe Crouzet, auteur du rapport et chef du service eaux continentales à l'IFEN.

  • Eaux de surface: la présence des pesticides est quasi générale sur l'ensemble des cours d'eau, y com-pris à l'aval des grands fleuves, où, pourtant, la dilution est forte. 3 % seulement des rivières ne sont pas contaminées. Selon la cartographie établie par l'IFEN, la Seine et ses affluents, la Garonne, le Rhône, la Moselle, le Rhin, l'Adour sont particulièrement atteintes par cette pollution diffuse. En Bretagne, les données des réseaux locaux attestent une pollution généralisée des rivières.
  • Eaux littorales: les eaux des zones d'estuaires et côtières sont contaminées "de manière générale et permanente par des herbicides de la famille des triazines [atrazine et simazine] et leurs produits de dégradation", constate le rapport. Les quantités totales introduites en mer sont de l'ordre de 100 kilos par jour. Selon les saisons et le type de culture, la Seine draine un flux de 7 à 16 kilos d'herbicides par jour, la Loire de 9 à 11, le Rhône 17 et la Garonne de 2 à 30. Des produits comme le lindane et le DDT ont ainsi constitué une pollution "majeure" des organismes vivants. Les pesticides sont soupçonnés d'appauvrir le milieu marin et de favoriser la prolifération d'algues.
  • Eaux souterraines: les nappes phréatiques sont "moins contaminées mais plus durablement". Mieux protégées par l'épaisseur des sols, les eaux souterraines présentent un moindre degré de contamination. Il demeure que presque la moitié des points de mesure affichent une pollution suspectée ou certaine. Le renouvellement des eaux des nappes est plus lent que celui des eaux de surface, et toute pollution cause généralement une contamination à long terme. Un constat inquiétant quand l'on sait que l'eau des nappes souterraines est utilisée à 60% pour l'alimentation en eau potable.
  • Eaux potables: 216 unités ont distribué à 5,3 millions d'habitants une eau pour laquelle un dépassement des valeurs réglementaires a été constaté.
  • L'IFEN conclut son rapport par des propositions : un dispositif de "suivi de biovigilance", à l'instar de ce qui est fait pour les médicaments et de ce qui se fera demain pour les organismes génétiquement modifiés (OGM).

    Sylvia Zappi (Source: Le Monde)