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Lamballe, 4 000 personnes manifestent
pour une eau pure
malgré des barrages d'agriculteurs
Le blocus redouté n'a pas eu lieu
SAINT-BRIEUC de notre correspondant
Malgré les tentatives de blocus de la ville par des agriculteurs, environ 4 000 personnes ont manifesté pour l'eau pure et l'agriculture durable à Lamballe (Côtes d'Armor) à l'appel du réseau Cohérence, d'Eau et rivières et du collectif des victimes des pollutions des bassins versants. Après Binic en 1998, Pontivy en 1999, Lamballe marque une nouvelle étape dans le combat des Bretons pour une eau non polluée et une agriculture plus respectueuse de l'environnement mais aussi, selon les manifestants, créatrice d'emplois et garante d'un aménagement du territoire équilibré.
Une large revendication puisque, aux côtés des associations environnementales et de consommateurs, s'étaient joints les pêcheurs d'eau douce, les marins pêcheurs, les conchyliculteurs, les apiculteurs, les plaisanciers, mais aussi des agriculteurs bio et de la confédération paysanne soutenus par les Verts et l'UDB (Union démocratique bretonne).
" On a gagné ", a lancé Jean-François Picquot au nom d'Eau et rivières, en entamant sa série d'interventions sur la place des Haras, terme du défilé. Pour les manifestants, c'est bien d'une victoire qu'il s'agit, après une chaude semaine où les syndicats agricoles et groupements de producteurs ont tout tenté pour empêcher ce rassemblement: demande d'annulation auprès du préfet, contre-manifestation... Pour finalement, vendredi soir appeler à une sage présence symbolique aux entrées de la ville. Cet appel à la modération de la FDSEA n'a été que partiellement entendu. Des opérations escargot ont été en effet menées samedi matin, entre Rennes et Saint-Brieuc et entre Dinan et Saint-Brieuc. Au début de l'après-midi, des barrages ont été dressés aux entrées de Lamballe. Et malgré des déviations mises en place par la gendarmerie, plusieurs cars affrétés par des associations de défense de l'environnement ont dû faire demi-tour.
Certes, l'organisation d'un rassemblement " eau pure " dans la Mecque de l'agroalimentaire breton pouvait passer pour une provocation aux yeux d'agriculteurs encore sous le coup de crises successives. Mais le travail de sensibilisation, effectué par Jean Salmon, président de la Chambre d'agriculture bretonne et d'autres responsables de la FNSEA, commence à se traduire sur le terrain par une réelle prise de conscience ainsi que par un début de changement des pratiques culturales.
De leur côté, les défenseurs de l'environnement et les consommateurs exigent désormais des résultats tangibles. Denis Baulier, président de Cohérence, n'a pas écarté le recours au boycott en appelant à choisir les porcs élevés sur paille ou bio plutôt que des porcs élevés en batterie. Un appel aux parents d'élèves a été lancé pour exiger du " bio et durable "dans les cantines. Dans une région qui ne peut se payer ni le luxe de se passer de l'agriculture, l'une de ses principales sources de richesse, ni de manquer d'une eau de qualité, il reste à présent à renouer le dialogue.
Hervé Quillé