GREENPEACE
Des
milliers de fûts radioactifs immergés au large de la Hague Greenpeace
sonde la fosse des Casquets Greenpeace
sonde la fosse des Casquets: elle renferme des milliers de fûts radioactifs
Immergés dans la Manche par les Anglais et les Belges jusqu'en 1963. L'opération
relance la campagne de lutte contre le retraitement des combustibles nucléaires
usés. CAEN.
Au large du Cotentin, hier: le canot pneumatique de Greenpeace fonce
sur les eaux tumultueuses du raz Blanchard, dans un brouillard à couper
au couteau. Le MV Greenpeace apparaît enfin. Depuis quinze jours,
il sillonne les parages en compagnie du Twister. L'organisation écologiste
a mobilisé un million de francs, deux navires et trente personnes pour explorer
la fosse des Casquets. Ici,
à 18km au large de la pointe de la Hague, les Anglais et les Belges ont
immergé dans la Manche plus de 16000 tonnes de déchets radioactifs, entre
1950 et 1963. Le Twister pilote à distance une caméra au cur
de la fosse, profonde de 160m Sur l'écran vidéo apparaissent des fûts éventrés,
d'autres à demi "ensouillés" dans la vase mais plutôt mal en point.
«28000 barils identiques ont été jetés sans la moindre précaution», explique
Jean Luc Thierry, spécialiste des questions nucléaires à Greenpeace France.
La caméra pivote; un obus apparaît à l'écran. "La cohabitation entre
déchets radioactifs et explosifs n'est pas très recommandable...» Impressionnantes,
les images ramenées par le robot sous-marin ne constituent cependant pas
un scoop. La présence de munitions est signalée sur les cartes marines.
Celle des déchets nucléaires est longtemps restée discrète ; désormais,
l'Agence internationale pour l 'énergie atomique en fait clairement mention.
Son dernier rapport d'août 1999 dresse l'inventaire précis des "poubelles"
nucléaires sous-marines: prés de 80 sites sont répartis dans tous les océans
et mers du globe. La France a aussi déversé ses fûts radioactifs pendant
des années. Officiellement, ils sont immergés dans deux fosses de l'Atlantique
Nord. Si
Greenpeace pointe du doigt cette décharge à deux pas du littoral français,
c'est pour combattre les déchets nucléaires, qu'ils soient solides ou liquides.
Le célèbre tuyau de Cogema-la Hague n'est pas loin et la campagne de prélèvements
de l'association n'est pas terminée. «L'usine
de retraitement de la Hague rejette l'équivalent radiologique de 50 fûts
comme ceux-là chaque jour» stigmatise Greenpeace. Jean-Pierre
BUISSON.