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Vu dans Ouest-France du 16 mars 2000 édition nationale et toujours valable à ce jour

Point de vue, par Didier Anger
Conseiller régional des Verts, ex vice-président de la Commission énergie recherche et technologie au Parlement européen – membre des commissions Hague, CSM et Flamanville pour le Crilan.

Déchets nucléaires: ni ici, ni ailleurs, autrement

l'Andra essaie à nouveau de trouver un site d'enfouissement de déchets de haute activité en granit, l'Ouest est particulièrement visé.

Il n'y a pas de bonne solution pour les déchets radioactifs. Les centrales fonctionnent et en produisent chaque jour et nous ne savons pas les détruire. Il nous faut donc chercher les moins mauvaises. Il ne faut pas d'enfouissement irréversible: aux profondeurs prévues dans les projets actuels, personne n'ira chercher un fût défectueux. On ne va déjà pas rechercher les fûts éclatés à 10m de profondeur sur le site de la Hague.

Le lobby veut nous faire entrer dans l'"ère du chat": on cache les déchets, comme le chat le fait de sa crotte, dans le jardin. On fait comme s'ils n'existaient plus, et pourtant leur durée de vie peut être de millions d'années. Il est moralement inacceptable de faire supporter les risques de nos déchets non seulement à nos enfants, à nos petits-enfants mais à un nombre de générations incalculable. Il ne suffit pas d'imprimer Saint Exupéry sur les billets de banque que l'on offre aux communes qui accepteront. Il faut surtout se souvenir qu'il a écrit : " Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants". Il nous faut continuer de nous opposer ici et là à cette politique du chat si nous refusons qu ils héritent de " leur" nucléaire.

Aucune région de la planète ne mérite d'être condamnée au risque nucléaire pour des générations et des générations. Les solutions à terme sont autres et plus globales:

  1. La première solution au problème des déchets nucléaires, c'est d'en avoir le moins possible à gérer, il faut donc arrêter le plus vite possible - à des rythmes divers selon l'engagement des nations - le fonctionnement des centrales nucléaires et diversifier l'approvisionnement en énergie.

  2. C'est ensuite la non-extraction du plutonium à des fins civiles ou militaires, comme les États-Unis l'ont décidé, à la fin des années 70 (administration Carter), mais que faire du plutonium et des déchets existants? Il n'y a plus de filière surgénératrice et, fabriquer du combustible Mox, c'est plus coûteux plus dangereux et inutile. Nous nous sommes opposés au retour de 1,7 tonne de plutonium du Japon en 1992, il y en a 60 tonnes stockées dans des petits conteneurs de 2,9kg pour éviter " la masse critique " aux environs de 5kg, à la Hague. On ne peut pas fermer la porte, jeter la clé et attendre 240000 ans qu'il ait disparu.
    Il faut rendre inutilisable ce plutonium à des fins civiles, militaires ou terroristes en le mélangeant à des déchets. Contrairement à ce qu'affirment la Cogema et l'Andra, ce sont de nombreux emplois pendant de nombreuses années.

  3. C'est de façon alternative, le stockage direct des combustibles irradiés sur les sites de leur production (centrales nucléaires) en attente de solutions plus convenables que l'enfouissement, et ce, sous contrôle indépendant. Ainsi se trouveront réduits les risques au cours des transports.

  4. Il est nécessaire de développer la recherche fondamentale et appliquée sur le stockage d'attente d'une part, et l'élimination (et non l'enfouissement irréversible de fait) des déchets d'autre part.

 

 

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